
Mémoire des PPAQ : Plan directeur ministériel pour le développement de l’acériculture en forêt publique
Les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) accueillent avec ouverture la démarche de consultation lancée par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), sur le Plan directeur ministériel pour le développement de l’acériculture en forêt publique (Plan directeur). Elle constitue une occasion unique d’établir les balises d’une cohabitation harmonieuse des usages sur les terres de la couronne. D’ailleurs, rappelons que la présente initiative découle des demandes répétées des PPAQ auprès du gouvernement du Québec. C’est le 25 mai dernier, lors de l’assemblée générale annuelle de l’Organisation, que le ministre Pierre Dufour a présenté les étapes devant mener à l’adoption à l’automne du nouveau Plan directeur et du plan d’action s’y rattachant.
Quelques chiffres
Dans le projet de Plan directeur soumis à la consultation, le MFFP rappelle, à juste titre, que le Québec est le leader mondial de la production de sirop d’érable: « Au Canada, de 2016 à 2020, la production moyenne annuelle se chiffrait à 164,3 millions de livres. Le Québec représente une part moyenne de 92 % du volume de production canadienne et de 71,4 % de la production mondiale sur l’ensemble de la période »1. Cette position dominante se confirme dans les dernières projections de production de sirop d’érable. L’enquête du Groupe AGÉCO menée pour le compte des PPAQ révèle notamment que la récolte du printemps dernier fracasse tous les records antérieurs: plus de 211 millions de livres de sirop ont été tirées des érables québécois2.
« Au Canada, de 2016 à 2020, la production moyenne annuelle se chiffrait à 164,3 millions de livres. Le Québec représente une part moyenne de 92 % du volume de production canadienne et de 71,4 % de la production mondiale sur l’ensemble de la période. »
La croissance de la production répond à une hausse marquée de la demande internationale pour les produits d’érable. En 2021, les PPAQ ont enregistré des ventes de 180,2 millions de livres de sirop d’érable, soit une croissance de 22 % par rapport à l’année précédente. Les exportations canadiennes de sirop d’érable se sont quant à elles élevées à 160,78 millions de livres, une hausse de 20,7 % par rapport à 2020.
Un enjeu socioéconomique
Le portrait de l’industrie acéricole ne serait pas complet sans souligner son apport socioéconomique majeur. Pour l’année 2022, les retombées économiques totales du secteur acéricole québécois sont estimées à plus de 1,13 milliard de dollars; la contribution directe et indirecte de l’industrie aux revenus de taxation du Québec est quant à elle évaluée à près de 143 millions de dollars. Si la production acéricole représente 13 300 producteurs et productrices œuvrant au sein de 8 000 entreprises réparties sur le territoire québécois, elle contribue également à la vitalité économique des régions en générant et soutenant annuellement plus de 12 500 emplois.
Le secteur acéricole engendre des retombées économiques à l’hectare qui dépassent largement celles des autres usages des forêts de feuillus, notamment en raison de leur caractère récurrent. Une comparaison des retombées économiques de l’année 2020 pour les secteurs acéricoles et forestiers démontre que, en moyenne et pour une superficie d’exploitation équivalente, la production de sirop d’érable en forêt publique génère des retombées économiques plus de neuf fois supérieures à celles issues de la récolte de feuillus durs 3 4 5. Ainsi, lorsque le gouvernement du Québec fait le choix de permettre l’installation d’entailles sur une parcelle de forêt publique au lieu d’y autoriser des coupes traditionnelles par l’industrie forestière, il s’assure de maximiser les retombées économiques associées à cette parcelle; il prend ainsi une décision judicieuse au bénéfice de tous les citoyens et toutes les citoyennes. En plus, puisqu’il est de l’intérêt des producteurs et productrices acéricoles de préserver la forêt privée comme publique parce que les rendements dépendent de la santé des érables et de leur écosystème, l’acériculture est un excellent levier de développement durable pour le Québec.
Le Plan directeur arrive à un moment névralgique pour les producteurs et productrices acéricoles, qui souhaitent être en mesure de se projeter avec confiance dans l’avenir de leur industrie et disposer des moyens de poursuivre la croissance des années précédentes. Le MFFP fait lui-même mention de l’importance de « maintenir ce rôle de chef de file mondial » qu’occupe l’acériculture. Et pour y arriver, il souhaite « favoriser le développement de nouveaux projets d’exploitation acéricole sur des sites adaptés, de façon à assurer une productivité et une résilience accrues dans le temps ».
1 Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. (2022). Plan directeur ministériel pour le développement de l’acériculture en forêt publique. p. 5. [https://mffp.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/PL_directeur_acericulture_consultation_MFFP.pdf]
2 Groupe AGÉCO. Juin 2022. Estimation du rendement de sirop d’érable pour l’année 2022. Rapport final. p. 8.
3 Doyon, M., Bergeron, S. et EcoTec. (2022). Évaluation des retombées économiques de l’acériculture québécoise en 2020. 19 pages.
4 EcoTec. (2021). Évaluation des retombées économiques de la récolte et la transformation des feuillus durs au Québec en 2020. 38 pages.
5 Les calculs ont été effectués par MM. Doyon et Bergeron à l’aide de données du MFFP et des deux études de retombées économiques.