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De l’aide bientôt pour la gestion des eaux usées acéricoles

De l’aide bientôt pour la gestion des eaux usées acéricoles

24 mars 2022

Texte de Caroline Cyr, PPAQ

Chaque printemps, des millions de litres d’eau d’érable coulent de nos magnifiques érables pour le plus grand bonheur des milliers d’acériculteurs et d’acéricultrices. Durant une vingtaine de jours, c’est l’abondance ! De toute cette eau, environ 2,5 % deviennent du sirop d’érable, puisqu’il faut en moyenne 40 litres d’eau d’érable pour produire un litre de cet or blond. Le reste de cette eau est rejeté ou évaporé.

Avec l’avènement d’une nouvelle règlementation qui vise à protéger l’environnement, le Règlement sur l’encadrement d’activités en fonction de leur impact sur l’environnement (REAFIE) entré en vigueur le 31 décembre 2020, les entreprises acéricoles sont dorénavant assujetties à certaines restrictions, dont une concernant la portion rejetée : les eaux usées ayant servi, directement ou non, aux procédés de transformation de la sève en sirop d’érable.

Des chercheurs à la rescousse

Les producteurs et productrices acéricoles ne resteront pas seuls à tenter d’ajuster leur pratique. En 2020, une équipe de scientifiques a été mandatée par le MAPAQ pour fournir à la communauté acéricole, en milieu d’année 2023, un guide de bonnes pratiques dans la gestion des eaux usées acéricoles.

« Globalement, ce que l’on vise, c’est de trouver un moyen qui permettra aux entreprises d’adopter une technologie ou des pratiques afin qu’elles fassent une meilleure gestion de leurs eaux usées », explique Stéphane Godbout, chercheur à l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) depuis 22 ans.

Celui qui est à la tête de ce projet de recherche entreprend ce printemps sa deuxième phase d’analyse et d’échantillonnage dans une douzaine d’érablières participantes afin de poursuivre la caractérisation : « On essaie de voir quelle est la problématique en jeu : est-ce le volume d’eau à gérer, la correction du pH ou bien d’autres aspects au niveau du lavage des membranes ? En fait, on veut savoir où sont les points chauds. »

Des résultats tangibles attendus

Son équipe utilisera donc les données recueillies pour peaufiner leur analyse en vue d’offrir l’an prochain des outils pour accompagner les producteurs et productrices acéricoles. De plus, les chercheurs de l’IRDA peuvent compter sur l’aide et l’expertise du Centre ACER pour mener à bien leur projet :

  • accompagnement pour trouver des entreprises participantes au projet
  • accès à leurs installations
  • création d’une fiche pour la correction du pH manuellement ainsi que pour la manipulation des produits chimiques
  • transfert d’information à la fin du projet.

D’ailleurs, le Centre ACER, les conseillers du MAPAQ de même que les clubs d’encadrement seront tous des alliés dans le transfert de ces outils vers les producteurs et productrices acéricoles après avoir reçu une formation avec l’équipe de Stéphane Godbout. « Avec notre guide, le producteur va être capable de savoir exactement ce dont il aura besoin selon son type d’installation. Notre objectif est simple : on veut fournir des solutions intelligentes et pas trop chères pour les producteurs », conclut avec franchise le responsable scientifique Stéphane Godbout.

 

Eaux usées acéricoles
Toutes eaux ayant servi à produire du sirop d’érable ou encore à l’entretien (lavage et rinçage) des équipements de production (bassin, appareil de concentration membranaire, évaporateur, système de récolte, etc.).
Le filtrat brut n’est pas considéré comme des eaux usées, puisqu’il n’a pas été utilisé pour le procédé de fabrication du sirop d’érable.
Le REAFIE ne s’applique que sur les terres privées.
Depuis 2018, le Règlement sur l’aménagement durable des forêts (RADF) encadre les rejets et activités en milieu humide sur les terres publiques.

Texte publié dans l’InfoSirop magazine, Printemps 2022