Biologique
Six mythes entourant le sirop d’érable bio

Six mythes entourant le sirop d’érable bio

24 mars 2022

Texte d’Annie St-Onge, PPAQ

Au cours des dernières années, les ventes de sirop d’érable biologique en vrac ont augmenté de façon exponentielle, passant de 25 millions de livres en 2015 à 65 millions de livres en 2020. Quoique que le nombre d’entreprises certifiées ait triplé pendant la même période, allant de 386 à 1 145, la production ne suffit pas à la demande.

Bien que les érablières du Québec produisent une grande quantité de sirop d’érable biologique, certains mythes entourant ce type de produit persistent toujours.

1. Tout le sirop d’érable est biologique, il n’y a pas plus bio que ça.

FAUX

Il est vrai de dire que, lorsque l’eau d’érable coule, elle est pure. Toutefois, la certification biologique certifie les procédés, c’est-à-dire qu’elle examine la façon de fabriquer le produit au lieu de contrôler la qualité du produit fini. Pour déterminer si un produit est biologique ou non, on vérifie le procédé de fabrication, qui doit respecter les quatre principes généraux de la production biologique :

  • santé
  • écologie
  • précaution
  • équité

Les matériaux utilisés pour le système de récolte, les produits nettoyants ou l’aménagement forestier doivent donc se conformer aux exigences spécifiques définies par la Norme biologique du Canada, élaborée en tenant compte de ces quatre principes.

Ce qui distingue aussi un sirop d’érable biologique est que, chaque année, l’entreprise qui le fabrique reçoit la visite d’un inspecteur et doit démontrer qu’elle a respecté toutes les exigences.

2. Du sirop d’érable biologique et du sirop d’érable non biologique, ça goûte pareil.

VRAI

La certification biologique n’est pas une certification de qualité. Elle n’analyse pas la composition du produit fini. Elle s’assure que le procédé de fabrication est conforme à la Norme biologique. Les critères en lien avec la qualité, comme le goût, ne font pas partie des exigences définies par la Norme biologique du Canada.

3. Devenir bio, c’est beaucoup de paperasse.

VRAI ET FAUX

Détenir une certification pour sa production est tout d’abord une démarche administrative. La première étape consiste d’ailleurs à s’inscrire auprès d’un organisme de certification. Comme le procédé de fabrication est contrôlé annuellement, toutes les façons de faire propres à l’entreprise doivent être détaillées de manière relativement exhaustive.

Pour rendre le processus moins lourd, les organismes de certification fournissent certains formulaires qui accompagnent le nouvel adhérent lors de l’inscription. Quant à la mise à jour du plan de production, elle est en général plus rapide.

Lorsque l’inspecteur visite l’érablière, il doit s’assurer que dans la dernière année, les exigences de la Norme biologique ont été respectées. Comment fait-il cela ? Entre autres en se référant aux registres de l’entreprise. Ainsi, il est donc important de maintenir ses registres à jour de façon méthodique afin d’être prêt pour l’inspection. Le registre utilisé peut être celui fourni par l’organisme de certification ou bien encore celui de l’érablière, pourvu qu’il contienne toutes les informations requises.

4. Être bio exige plus de travail.

VRAI.

Considérant le nombre limité de produits nettoyants ou d’antimousses permis, une plus grande attention doit être consacrée au nettoyage des équipements ainsi qu’aux débordements de l’évaporateur en production. Chacun des produits de nettoyage, d’assainissement ou d’antimoussant autorisé doit être préalablement adopté et ajouté à la Norme biologique par l’Office des normes générales du Canada au terme d’un long processus de consultation avec l’industrie.

Cette norme est modifiée tous les cinq ans et sa prochaine mise à jour est prévue en 2025. Pour déposer une demande d’ajout auprès de l’Office des normes générales du Canada, on doit fournir une justification suffisante répondant aux principes de l’agriculture biologique. Dans ce cas-ci, les principes d’écologie et de précaution seraient particulièrement observés. L’ajout d’un nouveau produit doit se faire tout en respectant l’environnement et en s’assurant de ne pas altérer le produit final.

5. Les organismes de certification n’ont pas les mêmes exigences.

FAUX.

Tous les organismes de certification suivent les mêmes règlements et appliquent la même Norme biologique. D’ailleurs, il est recommandé de sélectionner son certificateur comme on le ferait pour un autre professionnel (ex. : comptable, notaire). Les organismes de certification sont tous soumis aux mêmes règles.

Toutefois, leurs tarifs ou leur service à la clientèle peuvent être différents. Au Québec, le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV) est responsable de s’assurer d’une application uniforme de la Norme biologique par tous ces organismes. Grâce à leur surveillance, nous avons la garantie qu’un certificat biologique possède une valeur égale, peu importe l’organisme de certification qui l’a délivré.

6. C’est facile de tricher.

FAUX.

Toutes les entreprises acéricoles certifiées biologiques reçoivent la visite d’un inspecteur annuellement afin de vérifier si toutes les exigences de la Norme sont suivies. Cette inspection permet en général d’effectuer les vérifications requises autant dans la cabane que dans l’érablière. En s’inscrivant dans une démarche de certification, l’entreprise acéricole s’engage à :

  • recevoir chaque année la visite d’un inspecteur
  • répondre à toutes ses questions
  • faire visiter tous les lieux
  • fournir toute la documentation nécessaire

En plus de l’inspection habituelle, les organismes de certification effectuent aussi des visites surprises sur des lieux de production. Ce type d’inspection non annoncée permet de vérifier que les exigences sont respectées en tout temps.

En conclusion

Malgré les exigences et les contrôles supplémentaires entourant la certification biologique, près de 1 300 érablières seront certifiées pour leur production de sirop d’érable pour la saison 2022. Toutefois, ce nombre peine à répondre à la demande, malgré la prime versée aux entreprises qui possèdent la certification biologique. Celle-ci est particulièrement recherchée sur les marchés étrangers puisqu’elle rassure les consommateurs sur le fait que le procédé de fabrication respecte les principes de l’agriculture biologique en suivant les exigences prescrites par la Norme biologique du Canada. Cette validation est moins nécessaire localement lorsque l’on peut visiter son voisin et observer nous-mêmes comment le sirop d’érable est produit.

La certification biologique devient les yeux des consommateurs au niveau international et ils sont de plus en plus nombreux à l’exiger.

Au Québec, trois organismes de certification gèrent des programmes de certification biologique pour le sirop d’érable :

  1. Ecocert Canada
  2. Organisme de certification Québec Vrai
  3. TCO Cert

Les producteurs et productrices acéricoles sont invités à communiquer avec ces organismes s’ils désirent entreprendre une démarche en vue de faire certifier leur production.

 

Texte publié dans l’InfoSirop magazine, Printemps 2022