
Tronçonneuses à batterie
Les tronçonneuses à batterie passent le test en érablière
Martin Ménard, [email protected]
Les tronçonneuses à batterie ont longtemps eu la réputation de n’être que des jouets pour enfants, mais ce n’est plus le cas des nouveaux modèles. Puissantes et assez durables, ces scies sont même devenues un outil de choix pour les agriculteurs, et particulièrement les acériculteurs.
La revue Forêts de chez nous a fait tester trois tronçonneuses à batterie par un émondeur professionnel et propriétaire d’une érablière de 12 000 entailles. Son verdict : les scies à chaîne à batterie deviennent plus avantageuses qu’un modèle à essence pour faire des travaux d’entretien dans une érablière. « Une scie à batterie, c’est toujours prêt à travailler. Tu appuies sur le bouton et elle tourne. Quand tu fais ta détection de fuites [du réseau de tubulures] et que tu coupes une branche ici et là, c’est parfait. Ce sont des scies beaucoup plus simples à utiliser par un employé qui est moins habitué à manipuler et à démarrer un modèle à essence », explique Mathieu Foisy, dont l’érablière est située à Saint-Paul-d’Abbotsford, en Montérégie. Les scies à batterie ont également l’avantage de permettre d’éviter les problèmes de carburateurs gelés, un phénomène qui s’observe parfois avec les scies à essence qui sont déposées fréquemment dans la neige.
La tronçonneuse à batterie s’avère aussi appropriée pour l’utilisateur occasionnel, comme un agriculteur qui possède de nombreux arbres sur sa propriété. L’équipement requiert en effet moins d’entretien (pas de carburateur à faire nettoyer) et fonctionne immédiatement, même s’il n’a pas été utilisé depuis plusieurs mois, voire des années.
Mathieu Foisy souligne cependant que pour couper et débiter des arbres de bon diamètre, la scie à batterie n’est pas de calibre comparativement à une puissante tronçonneuse à essence. « Pour un bûcheron professionnel qui coupe du bois toute la journée, la scie à essence reste encore l’outil de choix », précise-t-il.
Des batteries améliorées
Le cœur de la performance des tronçonneuses à batterie demeure… les batteries. Celles-ci ont en effet connu un bond technologique important. « Avant, les batteries devenaient peu performantes en bas de 0 °C. Maintenant, elles fonctionnent très bien jusqu’à -20 °C. On a aussi mis en marché une gamme de batteries high output avec des cellules de lithium-ion plus grandes; ça donne encore plus de puissance aux outils », explique Alex Cardinal, gérant de territoire pour le Québec chez Milwaukee. Il ajoute que les temps de charge ont eux aussi beaucoup évolué. La grosse batterie de 12 ampères de Milwaukee peut se recharger en une heure avec les nouveaux chargeurs.
Chez Stihl, Yann Allard se dit impressionné par l’amélioration des batteries. « Nous avons une nouvelle batterie qui, pour la même taille, a une capacité augmentée de 25 %. Depuis 2012, nous offrons des outils à batterie et je n’en reviens pas d’à quel point la capacité des batteries et de ces outils s’est améliorée. Le futur est très prometteur », dit le gérant des services techniques et de la formation au Québec chez Stihl.
Quatre tronçonneuses à batterie testées pour vous
L’acériculteur et émondeur professionnel Mathieu Foisy livre ici ses commentaires à la suite de l’essai de quatre tronçonneuses à batterie dans son érablière. Il ne s’agit pas de tests validés scientifiquement, mais d’une évaluation personnelle permettant d’offrir une idée des performances de ces produits.
Dewalt Flexvolt 60 V Max
« C’est la scie à batterie la plus puissante des quatre. Elle rentre dans le bois comme une scie au gaz, sans aucune hésitation; elle ne bloque pas.
La batterie 60 volts donne beaucoup de puissance, mais dure moins longtemps que celle des autres scies et offre près de 30 minutes d’ébranchage. Elle comporte un indicateur de niveau de charge, mais il n’y a pas de système d’avertissement annonçant qu’elle est presque vide. En plein abattage, la scie peut s’arrêter d’un coup si la batterie est à plat.
Cette scie offre une bonne prise, mais elle est la moins bien balancée des quatre. Lorsqu’on la tient d’une seule main par la poignée du frein, la lame monte au lieu de rester droite.
Un petit détail qui dérange un peu : le bouton de sécurité, qui permet ensuite d’appuyer sur la gâchette, crée une fatigue inutile du pouce.
Le guide-chaîne de 41 cm (16 po) est pratique pour quelqu’un qui veut une scie à tout faire, mais trop long pour couper des branches. Un guide-chaîne plus court, par exemple de 36 cm (14 po), offrirait une meilleure autonomie de la batterie, une meilleure lubrification de la chaîne et aurait tendance à faire moins débarquer celle-ci.
L’ajustement de la tension de la chaîne s’effectue sans outil par une molette que l’on tourne. C’est très pratique. Par contre, le tendeur ne recule pas assez, ce qui nous empêche de bien serrer la chaîne. Quand elle est neuve, elle tend à s’étirer davantage, ce qui la fait débarquer plus facilement.
Le compartiment pour l’huile comprend une bande transparente qui sert à jauger le niveau d’huile. C’est bien pensé!
Finalement, mentionnons que Dewalt offre un concept très polyvalent. La batterie s’utilise sur une tension de 60 volts pour activer certains outils comme la scie à chaîne, mais cette même batterie peut aussi être employée avec une tension de 20 volts pour activer de plus petits outils, une perceuse par exemple. »
Prix de détail suggéré avec une batterie 60 volts et un chargeur : 500 $
Milwaukee M18 Fuel
« Le produit est excellent. Ce n’est pas la scie la plus puissante des trois, mais elle est capable d’en prendre. Tu peux lui mettre de la pression quand tu coupes [le bois], et elle ne ralentit pas. Sa batterie de 12 ampères dure plus longtemps que les autres. Tu peux travailler une heure avant qu’elle tombe à plat [une heure d’ébranchage avec des pauses]. Elle possède un indicateur de niveau de charge, mais elle n’avertit pas lorsqu’elle faiblit. Les batteries lithium-ion ne montrent pas de signes de fatigue : elles fonctionnent à plein régime et s’arrêtent subitement lorsqu’elles sont épuisées, ce qui peut surprendre. De plus, le bouton de sécurité et la gâchette sont faciles à utiliser.
Conçue en longueur et comportant une longue poignée, cette scie est quand même bien balancée, mais plus encombrante. Elle n’est pas idéale pour travailler dans une échelle.
Ici aussi, le guide-chaîne de 41 cm (16 po) apporte de la polyvalence, mais un modèle plus court performerait mieux pour la coupe de branches et aurait moins tendance à faire débarquer la chaîne. Le petit calibre de celle-ci et la petite taille de la rondelle située sur le sprocket (pignon d’engrenage) ont également contribué à faire débarquer quelques fois la chaîne lorsque nous coupions de petites tiges d’arbres. Je conseillerais plutôt un grade de chaîne 91.
En terminant, cette scie a l’avantage de fonctionner sur les mêmes batteries 18 volts qu’une panoplie d’outils Milwaukee. C’est très pratique! »
Prix de détail suggéré avec la batterie 18 volt 12 ampères et un chargeur : 580 $
Stihl MSA220
« Stihl est une compagnie spécialisée dans la fabrication de scies à chaîne, et ça paraît. Quand je regarde ce modèle à batterie, je vois un vrai design de scie mécanique, comme celles au gaz. Sans surprise, c’est la mieux balancée du groupe. Elle est très facile à utiliser et très maniable, notamment pour effectuer plusieurs mouvements lors de la coupe de branches. Le modèle essayé comportait un guide-chaîne de 36 cm (14 po) qui contribuait à cette stabilité.
La batterie est soutenue par un système à ressort qui permet de la retirer facilement. C’est génial! Elle comporte aussi un système d’avertissement par clignotement très utile qui nous avertit quelques minutes avant de tomber à plat.
L’autonomie de la batterie est correcte, sans pour autant atteindre une heure de travail. Le bouton de sécurité et la gâchette sont faciles à enfoncer et ne fatiguent pas la main.
L’ajustement de la tension de la chaîne s’effectue simplement par une molette que l’on tourne. C’est un concept pratique et qui ne requiert aucun outil.
Le seul véritable point faible de la Stihl à batterie est son manque de puissance lorsqu’on coupe un tronc de bon diamètre. On ne peut pas mettre du poids sur la scie pour accélérer le débitage, sinon elle perd sa puissance, comme si un système de protection électronique nous empêchait de lui donner de la pression. Il faut donc la laisser entrer dans le bois à son rythme. Ce manque de puissance ne se produit pas lors de la coupe de branches de 10 cm et moins de diamètre. »
Prix de détail suggéré avec une batterie et un chargeur : 500 $
Husqvarna T536
« Husqvarna offre différents modèles de scie à chaîne à batterie dont celui de grade professionnel, sans poignée arrière. Ce modèle sert uniquement à ébrancher. La scie est maniée d’une seule main, ce qui laisse l’autre main complètement libre pour dégager des branches. La batterie de 36 volts et de 9,4 ampères dure pratiquement trois heures lors d’un travail intermittent. Et avec le chargeur à haute performance, elle se recharge en une heure. À l’érablière, on part avec une seule batterie, qu’on recharge sur l’heure du midi et on retourne travailler. C’est merveilleux!
Sa conception, son ergonomie et sa courte barre de coupe de 30 cm (12 pouces) en font une scie vraiment maniable. Elle n’est cependant pas plus légère qu’une scie à essence du même genre. J’aime bien le témoin lumineux qui avertit d’un faible niveau de batterie. Petit point négatif, lorsqu’on la dépose quelques instants, elle s’éteint et il faut la rallumer. Il s’agit d’une opération supplémentaire que les autres marques n’ont pas.
Elle n’est cependant pas la plus puissante et un système de sécurité fait en sorte qu’elle bloque quand on attaque un trop gros morceau. Mais, on apprend à travailler avec et nous l’apprécions de plus en plus. Elle possède aussi un mode économique qui fonctionne bien dans la petite « branchaille ». La seule barrière de ce produit pour un acériculteur est son prix de plus de 1000 $, mais Husqvarna offre des modèles à batterie moins dispendieux. »
Prix de détail suggéré avec une batterie et un chargeur haute efficacité : 1100 $
Texte publié dans le magazine Forêts de chez nous, édition mai 2020