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Jonathan Blais

Président
Estrie

« Moi, j’haïs le printemps, parce qu’après l’hiver, tout est mort. En plus, mon chemin de terre est en “bouette” et avec six enfants, c’est pas l’idéal! Le fait de savoir qu’on est dans les sucres, que la nature se réveille et qu’on s’en va vers l’été m’aide à accepter le printemps ».

C’est en ces mots que Jonathan Blais, homme authentique et franc, décrit sa relation particulière avec la saison de l’érable.

Quatre générations de Blais sur la terre familiale Wilfrid, Englebert, Léo et maintenant Jonathan. Quatre générations de Blais ont pris racine à La Patrie, en Estrie, dans ces terres transmises de génération en génération et qui font la fierté de cet acériculteur. Issus d’une famille d’agriculteurs, Jonathan Blais, sa femme Amélie et leurs six enfants habitent la maison familiale sur la terre ancestrale des Blais, défrichée par son arrière-grand-père Wilfrid Blais. « Là où je vis, mon grand-père Englebert et mon père Léo sont venus au monde! Ce sont eux qui m’ont transmis la passion du sirop d’érable », mentionne-t-il avec émotion. D’ailleurs, son souvenir d’érable le plus lointain remonte à l’époque de son grand-père paternel, que, petit garçon, il suivait partout : « Je me souviens encore des odeurs et des saveurs de ses tasses de réduit. Je devais avoir 4-5 ans ! »

Trente ans de métier pour cet acériculteur dans la mi-quarantaine. Acériculteur et producteur de foin de commerce, cet homme fonceur et déterminé est devenu producteur laitier à l’âge de 17 ans et demi. Quelque temps avant de terminer sa formation en production laitière, le jeune homme a décidé de s’acheter une ferme. Son entreprise acéricole, qui compte aujourd’hui 27 000 entailles en terres privées et publiques, il l’a d’abord gérée avec son père, puis en 2008, il a presque doublé sa production avec l’octroi de nouvelles entailles. Jonathan Blais rêve que ses enfants puissent vivre d’acériculture également : « Si je veux pouvoir garder mes enfants en région, je dois agrandir. Moi, j’en ai six. J’aimerais ça en garder le plus possible dans mon coin, mais ça prend grand aujourd’hui en agriculture pour faire vivre une famille. C’est pour ça que je prends toujours les nouvelles entailles qui passent. »

Son père lui a montré à « se tenir debout ». Un jour, alors que Jonathan, adolescent, se chargeait des besognes de la ferme familiale avec sa mère, il a questionné son père sur ses absences fréquentes. Ce dernier, qui revenait d’une manifestation à Ottawa, lui a dit : « Aujourd’hui, on est allé se tenir debout! ». C’est ainsi que Jonathan a compris le concept de solidarité et de force du nombre, qu’il a compris que les agriculteurs doivent se prendre en main s’ils ne veulent pas que d’autres décident pour eux. Ces mots résonnent encore aujourd’hui dans l’esprit de Jonathan, encore plus fort qu’à l’époque. Né syndicaliste, il veut faire une place aux jeunes en région. « Je ne suis pas devenu syndicaliste. Je suis né syndicaliste! », déclare celui qui, en 2020, ne se croyait pas prêt à devenir président du syndicat acéricole de sa région, les Producteurs et productrices acéricoles de l’Estrie. Son implication syndicale a été motivée par l’injustice, mais aussi par certains de ses voisins qui vendaient leur production sur le marché noir. « Même si j’ai reçu des menaces de leur part, je savais que c’était important de parler et de dénoncer. Je savais comment cela avait été difficile pour mon père et les autres acériculteurs. J’étais prêt à aller au front! » Sa motivation comme président : offrir des perspectives d’avenir aux jeunes. « En région, il faut faire une place aux jeunes. On doit préserver la ressource, puis des possibilités pour eux. Ils doivent pouvoir rêver de devenir entrepreneurs ici, chez eux, et pas seulement ouvriers. »

« Les grands politiciens qui savent guider des populations à se réveiller, à se tenir debout sont des modèles pour moi », déclare le président des Producteurs et productrices acéricoles de l’Estrie.

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Régis Boutin