Juliette Grégoire
Administratrice
Lanaudière
« Le sirop d’érable, ce n’est pas juste un sucre. Pour moi, la saveur, c’est primordial. Sinon, ça perd tout son charme », explique avec conviction Juliette Grégoire, acéricultrice de Saint-Esprit dans la région de Lanaudière.
Depuis 35 ans, Juliette et son conjoint, Pierre-Paul Légaré, sont propriétaires de la Ferme Légaré et Grégoire, une érablière comptant 4 400 entailles dont la production est certifiée biologique. C’est donc au milieu des années 1980 que le couple Légaré-Grégoire fait l’acquisition de cette érablière par passion pour l’érable et par désir d’en faire leur passe-temps. « On n’avait pas le choix que cela soit un passe-temps, parce que les prix du sirop d’érable n’étaient pas intéressants », mentionne Juliette. D’ailleurs, le contexte économique de l’époque les a en quelque sorte poussés à diversifier leur mise en marché. « Comme on ne savait pas d’une année à l’autre combien on serait payés, nous avons décidé d’écouler tout ce qu’on pouvait en transformation. Je savais que cela offrait plus de stabilité », explique celle qui est devenue maître sucrier et aussi juge dans des concours de produits d’érable. Sa soif d’apprendre a fait en sorte qu’elle était de toutes les formations acéricoles possibles. Son conjoint et elle voulaient que ça fonctionne et, ensemble, ils prenaient les moyens pour y arriver.
La recherche du goût avant tout
Juliette a développé un savoir-faire et une passion pour la recherche du goût avant tout. D’ailleurs, lorsqu’elle en a la chance, elle soumet encore ses produits à des concours afin de pouvoir continuer à s’améliorer. « De faire goûter notre sirop d’érable, ça permet de garder notre constance, mais aussi de savoir si on a un problème avec notre sirop ou notre procédé. Si je suis bien classée, je suis contente, mais, si j’ai un problème, je veux le savoir. » Elle espère que la nouvelle génération acéricole est sensible à la recherche de goût : « J’encourage les jeunes à vouloir produire quelque chose de bon, à goûter leur sirop d’érable. Ainsi, les consommateurs vont courir après leur produit. »
Des bonheurs tout simples
Le travail en forêt, la gestion du concentrateur et, surtout, la transformation des produits d’érable n’ont plus de secrets pour Juliette. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle préfère de son métier, elle répond deux choses : « Chausser mes raquettes et marcher dans la neige, c’est ce que j’aime le plus. Mais, aussi, savoir que mes produits rendent les gens heureux, ça me fait vraiment plaisir. » Des bonheurs tout simples semblent parsemer le quotidien acéricole de cette femme reconnaissante d’avoir le privilège de travailler avec la nature. Au fil du temps, elle a su combiner son rôle de mère de cinq enfants avec la gestion de son entreprise acéricole. Lors de ses premiers printemps, rien ne semblait l’arrêter : enceinte ou pas, elle entaillait ! Lorsque les gens, intrigués, lui demandaient comment elle faisait, cette acéricultrice qui aime bien rire répondait : « Quand j’entaillais, enceinte, je passais par-dessus le “main” avec mes raquettes et ma bedaine, elle, passait par en dessous ! »
Vouloir aider et donner une voix aux petits
Assidue aux réunions et souhaitant trouver une solution pour améliorer le sort des acériculteurs et acéricultrices, Juliette est devenue administratrice dans les années 1990 à la demande de Rolland Urbain, ancien président du syndicat acéricole de Lanaudière. Elle continue ainsi de donner de son temps parce qu’elle veut que les petites érablières, comme la sienne, aient leur voix autour de la table.
« Aujourd’hui, il y a tellement d’entreprises “méga”. Il faut que les petits puissent continuer, mais aussi démarrer. Ils doivent être là pour prendre la parole ! »